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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S2 Episode 21

01/04/21
Jeudi Saint

Lecture de l’évangile : Claire

Homélie : Renée

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Ex 12, 1-8.11-14
Ps 115, 12-18
1 Co 11, 23-26
Jn 13, 1-15
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

J’accepte de parler alors qu’en fin de compte, j’étais muette pendant quelques temps. L’adversité a fait que j’avais perdu la voix. Et je sais que, comme j’avais perdu la voix, tous ils me regardaient, mais ils ne me posaient pas de question, personne ne me parlait. Ce n’est pas parce qu’ils ne voulaient pas, peut-être qu’ils se disaient que c’était complètement inutile, mais ils avaient des yeux interrogateurs. Et alors, lui, ce tonton, il a dit : « Je veux voir la petite, je veux voir la petite ! ». Et alors ma mère (ou ma grand-mère, je ne sais plus) a ouvert la porte, et le fait d’être désirée, et tout ça : j’ai éclaté de rire. Marie Agnès : Ce que tu dis là, c’est que c’est incroyable qu’on te demande de parler sur un texte d’évangile, alors que souvent on t’a empêché de parler, et que tu en as même perdu la voix. C’est ça ?
Renée : Oui, voilà. Paf, en plein dans le mille. [Rires]
Marie Agnès : Est-ce qu’il y a des choses qui te frappent dans ce texte ?
Renée : « L’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père ». On dit ça pudiquement. Jésus aimait les siens qui étaient dans le monde. Et au cours du repas, ils sont tous là, même Judas : on a tous une importance, on est tous aimés. Et puis ils ont été choisis, Jésus les a choisis. Alors eh bien dans ce temps-là, pour aller devant, derrière, à droite, à gauche, eh bien il fallait marcher, avoir la chance de marcher. Donc nos pauvres pieds souffrent bien et ils devaient être tout sales. Alors ça devait être un soulagement lorsque – en plus un ami ! – venait nous laver les pieds. Un ami… Ceux qui avaient marché, ils avaient osé vivre. Donc c’est normal qu’ils aient les pieds sales. Enfin sur notre terre… Et les pieds blessés. Parce qu’ils avaient osé vivre. Et qu’ils se retrouvaient là, tous ensemble, après avoir fait leur chemin particulier à chacun.
Marie Agnès : C’est ça la « part avec moi », quand Jésus dit : « si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi » ?
Renée : Ah, voilà, tu vois, j’ai tourné autour du pot et je n’ai pas su dire ! Mais il faut oser parler. Mais tu vois, cet oncle. Il s’appelle toujours Gaston. Eh bien, il voulait voir la petite : c’est grâce à lui si j’ai retrouvé un ressort pour remonter, pour revivre. Il a cru en moi. Il a cru. Il m’a reconnue. Il s’est souvenu de moi : une personne importante ! [Rires] Ah la la. Bon.
Marie Agnès : Pierre dit : « Ah ben non, quand même, tu ne vas pas me laver les pieds ! »
Renée : Oui, il se croit trop. Oui, c’est de l’orgueil. Aussi, il faut nuancer : c’est très très difficile de faire du bien même quand on le veut, c’est très très difficile de se mettre à la portée de la personne, parce que justement, on ne peut pas. Par moment, vouloir aider, ça peut être un viol, alors que ça devrait être un acte d’amour. Un viol mais pas voulu, c’est… triste parce que on a tellement besoin de s’aimer les uns les autres. Il faut peut-être émerger. [Rires] Remonter de l’abîme. Et puis pour ma part, il s’est donc passé quelque chose, il y a seulement un peu plus d’un an, j’avais été jetée dans l’abîme. J’étais pratiquement morte. Et j’en suis pas encore sortie car il y a des choses qu’il faut que j’aime, que je pardonne. Surtout commencer par là. Dans un sens, même si j’ai perdu de vue certaines personnes qui m’ont fait du mal, c’est pas ça qui compte, c’est que dans mon cœur, je leur lave les pieds. Dans mon cœur, je leur lave les pieds. Ah oui, c’est peut-être ça : quand quelqu’un vous fait du mal et tout ça, il ne comprend pas lui-même. S’il comprenait un petit poil, il le ferait pas. Alors, à mon humble avis, dans un sens, par la prière, d’abord je les prends tels qu’ils sont que Dieu seul sait qu’ils sont, et je prie pour eux. Mais avec eux : eux ils en ont pas conscience, je m’en fous moi, mon Dieu est grand. [Rires]

Renée

Je suis Renée, membre de la Pierre d’Angle, du groupe de Poissy. J’ai 85ans, je suis à la retraite. J’ai eu la grâce d’avoir un fils, Jean-Luc, qui a vécu jusqu’à quarante-sept ans, et j’ai perdu deux bébés qui n’étaient pas viables.