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Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S3 Episode 25
16/04/2022 – Samedi saint
Le texte de l’homélie
Samedi saint… La violence a fait son œuvre destructrice, le Christ est mort. Ses amis sont terrés dans la peur, la désillusion, l’incompréhension… une douleur folle aussi certainement. Celle de l’amour qui crie l’absence.
Il n’y a rien à célébrer aujourd’hui. Dieu se tait et notre liturgie se fait silence, vide, pour ce jour. Aucune Eucharistie n’est célébrée le Samedi saint avant la grande veillée pascale qui ouvrira déjà ce soir le jour de demain.
Mais, pour l’heure, c’est donc le règne du silence… Pourtant c’est peut-être parce qu’elle accepte le vide que la liturgie du Samedi saint a quelque chose à nous dire. Elle nous invite à ne pas « zapper » ce temps inconfortable où Dieu semble si loin… à ne pas aller trop vite regarder du côté de Pâques. Bien sûr, il est probable que la mort n’ait pu retenir une seule seconde Celui qui est la Vie même et une belle hymne pascale nous redit que « Dieu seul connaît l’instant où triomphe la vie ». Pourtant l’Ecriture nous présente le Ressuscité n’apparaissant à ses disciples qu’au bout de 3 jours. Pourquoi ce laps de temps ? Au-delà du signe scripturaire et symbolique du 3ème jour où Dieu relève (cf Os 6,2), ne serait-ce pas le signe que ce Samedi saint, ce temps de l’attente, est précieux, qui fait droit à toutes les questions et les désarrois de notre humanité…
Temps précieux d’une prière qui porte les cris du monde, le grand « Où est tu ? » des femmes et des hommes blessés qui cherchent Dieu dans la nuit. Temps précieux du Samedi saint qui nous évite d’oublier dans notre foi celles et ceux qui souffrent, qui nous garde de proposer une espérance naïve, et finalement inaudible, ou une consolation facile bien pire souvent que le silence. Car seul celui qui a pleuré avec les exclus et les souffrants de notre monde pourra vraiment chanter tout à l’heure l’Alleluia pascal…
Temps de l’attente, de l’épreuve de la désespérance… Mais la tradition nous propose aussi d’imaginer Marie, portant seule, en ces instants, l’espérance du monde. Elle qui a connu le Christ au plus intime, pourrait-elle ne pas pressentir, même confusément, qu’il n’est que Vie, et que sa vie donnée n’a pu aboutir à cet échec ?
En ce Samedi saint, les ténèbres couvrent la terre mais Marie nous convie à la foi.
Car, déjà, dans ce jour de ténèbres, des signes sont offerts qui pourraient nous permettre de croire que l’Amour est le vrai vainqueur. Hier, le rideau du Temple s’est déchiré, dévoilant un Dieu qui ne peut être enfermé dans un sacré inaccessible… Hier, le Christ a pris sur la Croix la place du maudit (Ga 3, 13 ; Dt 21, 23), la place de tous ceux qui se sentent ou que l’on déclare trop loin de Dieu… Hier, Dieu est entré dans la mort, dans ce qu’il y a de plus étranger à Lui, dans le lieu même du non-Dieu… Désormais, nul ne sera jamais trop loin pour lui. Désormais, toute femme, tout homme a accès au cœur de Dieu. Et Joseph d’Arimathie et Nicodème, autrefois terrassés par la peur, osent demander à Pilate le corps de Jésus pour ces gestes d’ensevelissement, si dérisoires et si beaux… ces gestes d’humanité qui conjurent la folie de la violence et du désespoir… En eux, c’est sûr, déjà, la Résurrection produit ses fruits.
Car le Christ, en ce jour, poursuit son grand travail de libération par-delà la mort, descendant dans tous les enfers où gisent des femmes et des hommes, dans ces lieux infernaux où Il accepte d’entrer pour nous rendre à la liberté. Et cette œuvre de libération est si puissante qu’elle éclabousse la terre, nos vies terrestres qui en connaissent aussi l’avant-goût… C’est Samedi saint sur la terre mais la Résurrection est en germe. Souterrainement. La terre est enceinte du salut.
Je le crois pour aujourd’hui, dans notre monde habité par la violence de la guerre, confronté au dérèglement climatique, hérissant tant de murs et de frontières… Je choisis de le croire parce que la foi est peut-être le seul choix humain. La foi ? Ce je-ne-sais-quoi qui nous fait espérer ce qui n’est ni palpable, ni certifiable, ni même raisonnable… Mais cette confiance osée transforme des vies. Et produit, elle, des effets bien tangibles et réels… les fruits même que la foi attendait dans la nuit.↓
Il n’y a rien à célébrer aujourd’hui. Dieu se tait et notre liturgie se fait silence, vide, pour ce jour. Aucune Eucharistie n’est célébrée le Samedi saint avant la grande veillée pascale qui ouvrira déjà ce soir le jour de demain.
Mais, pour l’heure, c’est donc le règne du silence… Pourtant c’est peut-être parce qu’elle accepte le vide que la liturgie du Samedi saint a quelque chose à nous dire. Elle nous invite à ne pas « zapper » ce temps inconfortable où Dieu semble si loin… à ne pas aller trop vite regarder du côté de Pâques. Bien sûr, il est probable que la mort n’ait pu retenir une seule seconde Celui qui est la Vie même et une belle hymne pascale nous redit que « Dieu seul connaît l’instant où triomphe la vie ». Pourtant l’Ecriture nous présente le Ressuscité n’apparaissant à ses disciples qu’au bout de 3 jours. Pourquoi ce laps de temps ? Au-delà du signe scripturaire et symbolique du 3ème jour où Dieu relève (cf Os 6,2), ne serait-ce pas le signe que ce Samedi saint, ce temps de l’attente, est précieux, qui fait droit à toutes les questions et les désarrois de notre humanité…
Temps précieux d’une prière qui porte les cris du monde, le grand « Où est tu ? » des femmes et des hommes blessés qui cherchent Dieu dans la nuit. Temps précieux du Samedi saint qui nous évite d’oublier dans notre foi celles et ceux qui souffrent, qui nous garde de proposer une espérance naïve, et finalement inaudible, ou une consolation facile bien pire souvent que le silence. Car seul celui qui a pleuré avec les exclus et les souffrants de notre monde pourra vraiment chanter tout à l’heure l’Alleluia pascal…
Temps de l’attente, de l’épreuve de la désespérance… Mais la tradition nous propose aussi d’imaginer Marie, portant seule, en ces instants, l’espérance du monde. Elle qui a connu le Christ au plus intime, pourrait-elle ne pas pressentir, même confusément, qu’il n’est que Vie, et que sa vie donnée n’a pu aboutir à cet échec ?
En ce Samedi saint, les ténèbres couvrent la terre mais Marie nous convie à la foi.
Car, déjà, dans ce jour de ténèbres, des signes sont offerts qui pourraient nous permettre de croire que l’Amour est le vrai vainqueur. Hier, le rideau du Temple s’est déchiré, dévoilant un Dieu qui ne peut être enfermé dans un sacré inaccessible… Hier, le Christ a pris sur la Croix la place du maudit (Ga 3, 13 ; Dt 21, 23), la place de tous ceux qui se sentent ou que l’on déclare trop loin de Dieu… Hier, Dieu est entré dans la mort, dans ce qu’il y a de plus étranger à Lui, dans le lieu même du non-Dieu… Désormais, nul ne sera jamais trop loin pour lui. Désormais, toute femme, tout homme a accès au cœur de Dieu. Et Joseph d’Arimathie et Nicodème, autrefois terrassés par la peur, osent demander à Pilate le corps de Jésus pour ces gestes d’ensevelissement, si dérisoires et si beaux… ces gestes d’humanité qui conjurent la folie de la violence et du désespoir… En eux, c’est sûr, déjà, la Résurrection produit ses fruits.
Car le Christ, en ce jour, poursuit son grand travail de libération par-delà la mort, descendant dans tous les enfers où gisent des femmes et des hommes, dans ces lieux infernaux où Il accepte d’entrer pour nous rendre à la liberté. Et cette œuvre de libération est si puissante qu’elle éclabousse la terre, nos vies terrestres qui en connaissent aussi l’avant-goût… C’est Samedi saint sur la terre mais la Résurrection est en germe. Souterrainement. La terre est enceinte du salut.
Je le crois pour aujourd’hui, dans notre monde habité par la violence de la guerre, confronté au dérèglement climatique, hérissant tant de murs et de frontières… Je choisis de le croire parce que la foi est peut-être le seul choix humain. La foi ? Ce je-ne-sais-quoi qui nous fait espérer ce qui n’est ni palpable, ni certifiable, ni même raisonnable… Mais cette confiance osée transforme des vies. Et produit, elle, des effets bien tangibles et réels… les fruits même que la foi attendait dans la nuit.↓
Hélène Noisette
Hélène Noisette est soeur auxiliatrice, actuellement en communauté en Seine-saint-Denis. Elle est engagée avec le Secours catholique aupres de personnes en précarité. Parmi eux, beaucoup de migrant.e.s… avec qui elle découvre chaque jour un peu plus comment l’administration peut être si violemment mise au service de l’exclusion…