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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S4 Episode 1

27/11/2022 – 1er dimanche de l’avent

Lecture de l’évangile : Marina

Homélie : Caroline Ingrand-Hoffet

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Is 2, 1-5
Ps 24
Rm 13, 11-14a
Mt 24, 37-44
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Jésus nous appelle à veiller !?
C’est une blague ?!
Et d’abord qui veillerait sur qui ?
Les humains sur la planète ? C’est comme ça que nous l’avons fichue en l’air !
La nature sur les humains ? Et pourquoi la nature ferait-elle ça pour nous ? Elle se débrouille bien mieux toute seule ! Les humains veiller sur eux-mêmes ? Mais nous n’en sommes pas capables !! Nous avons tellement peur, que nous préférons amasser chacun dans son coin… Ca nous rassure….
Il vaut mieux arrêter de veiller, puisqu’on est incapable de ne pas se servir au passage…
Ah si, c’est bientôt Noel, il faut veiller, veiller à commander les cadeaux assez tôt pour qu’ils arrivent à temps. Les soucis de la planète peuvent bien se mettre en pause quelques semaines pour la bonne cause….
On ne peut pas s’arrêter, surtout pas à cette période de l’année…sinon on perd pied.
Non, franchement, il faut arrêter de veiller une bonne fois pour toutes… Ça ne nous mène à rien de bon.
Alors éteignons les lumières plutôt que de les allumer. En plus c’est à la mode d’éteindre…Il faut faire des économies d’énergie…
Mais alors on se retrouve dans la nuit, … rattrapés par l’angoisse dans ce monde si fragile, sur lequel personne ne semble savoir comment veiller…
Paralysés dans un monde qui broie du noir.
Peut-être que c’est ce qu’a ressenti Noé : un profond sentiment d’impuissance à sauver le monde qui courait à la catastrophe. Noé a peut-être été le premier éco anxieux ?! Et il n’a effectivement pas pu sauver le monde…
Donc première résolution de l’avent 2022 : arrêter de me prendre pour le sauveur du monde.
Deuxième résolution : arrêter de penser que je ne peux rien faire…
Et après ?…
Qu’a pu faire Noé dans son arche pendant 40 jours ?
Pas grand-chose, si ce n’est observer et apprendre à apprécier chaque espèce animale !
L’avent pourrait être notre temps dans l’arche. Un temps pour s’arrêter, pour lâcher prise, pour apprendre à regarder, s’émerveiller, connaitre, et peut-être aimer.
Mais Noé ne s’est pas arrêté là. Il n’est pas resté dans l’arche béat devant la beauté du monde animal.
Il n’a rien lâché. Il a eu le temps de refaire le monde… Il ne savait ni le jour ni l’heure, mais il a espéré sans relâche que cette transition allait prendre fin.
Veiller, pour chercher la clairvoyance, oser regarder en face le monde, les autres, et nous-mêmes.
Déjà ça, c’est essentiel et pourtant tellement difficile : repérer et nommer ce qui n’est plus supportable et acceptable dans la façon dont nous faisons tourner le monde. Et avoir le courage de remettre en question chacun sa place et son rôle.
L’émerveillement et la clairvoyance peuvent alors développer notre capacité de résistance. Mais pas pour refuser le monde et s’en retirer sous prétexte qu’il serait foutu et pourri.
Nourri de l’émerveillement et de la clairvoyance, il devient possible de résister de manière positive et créative. Noé a utilisé sa longue observation des corbeaux et des colombes pour déterminer le moment du retour possible à la terre. Il a intégré les oiseaux dans sa stratégie de vivante Espérance.
Dieu aussi, fait preuve de créativité, de résistance et d’humour en désignant l’arc en ciel comme signe d’alliance entre lui et sa création, avant de la confier à un tout petit… !
Et nous ?
Et nous, sommes-nous en train de boire et de manger en disant « Après nous le déluge ? », ou sommes-nous pétrifiés par la peur du déluge ?
Il est possible en 2022 de ne vivre l’avent, ni dans l’euphorie, ni dans l’angoisse.
Veillons pour accueillir le Christ en vérité, dans notre vie, dans notre monde, tel qu’il est. Et à sa suite, entrons en résistance avec inventivité, humour, détermination et Espérance.

Caroline Ingrand-Hoffet

Caroline Ingrand-Hoffet, 47 ans, pasteure protestante à Genève puis en Alsace. Je suis mariée et maman. J’ai eu l’occasion de participer activement à la lutte contre la construction du contournement de Strasbourg. Je me nourris d’un dialogue entre foi et militantisme. Je suis convaincue que les chrétiens peuvent participer à tisser un nouveau mode de vie et une Espérance pour le temps de crise que nous vivons.