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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S4 Episode 10

22/01/2023 – 3e dimanche du temps ordinaire

Lecture de l’évangile : Eloïse

Homélie : Jérémy Vidal

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Is 8, 23b – 9, 3
Ps 26
1 Co 1, 10-13.17
Mt 4, 12-23
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

C’est un évangile qui comporte beaucoup de noms exotiques, qui me rappelle mon enfance et l’envie de voyages et de découvrir le monde depuis ma petite bourgade du sud de la France : Capharnaüm, Zabulon, Nephtali. Des noms qui font rêver. Des noms qui paraissent lointains. Capharnaüm, ma maison en était certainement un et c’était très joyeux.
Ressentant le besoin de couper, Jésus décide de changer de ville. ll fait un choix, l’action, toujours l’action, droit devant, pas le regard en arrière, passéiste ou nostalgique. Il part. Il choisit de rejoindre Capharnaüm, il aurait pu aller à Jérusalem, c’est là où il y a le temple, et pourtant c’est loin de la grande ville qu’il s’en va. Il va vivre au cœur du monde – aujourd’hui on dirait la France d’en bas, les périphéries, la diagonale du vide. Je trouve que c’est un Évangile très fort sur le fait qu’il faut se décentrer, aller voir, ne pas rester dans sa tour d’ivoire et aller parler aux gens, s’intéresser à eux. C’est un appel à sortir d’une observation en surplomb et qui me fait penser que ce qui nous rend content à court terme, nos conforts, nos habitudes, n’est pas forcément ce qui nous rend heureux à long terme.
Dans un monde qui nous dérange tellement, traversé de tant de difficultés, on pourrait être tentés de lui faire la leçon tellement il nous semble parfois antagoniste avec nos convictions. On pourrait même rêver d’un autre monde dès ici-bas et nous y enfermer par peur d’être contaminés par les idéologies que véhicule le monde actuel.
A travers le petit accident de voiture qui m’est arrivé dernièrement, j’ai eu la tentation de me dire que j’aurais dû rester chez moi, de ne pas prendre cette route par une froide nuit de janvier ; et puis je me suis dit que tout ce qui s’était vécu, toutes ces rencontres en valaient la peine, qu’elle me construisaient, qu’elles me déplaçaient. Parce qu’elles se situent dans une langue qui n’est pas la mienne avec d’autres réflexes et une distance culturelle parfois forte. Je pense à mes échanges avec un jeune russe qui a dû fuir son pays. On a peu à se dire, on ne se comprend pas toujours, on ne réagit pas toujours pareil, entre un jeune méditerranéen et un jeune russe, la différence culturelle est forte. Pourtant il y a beaucoup d’amitié qui passe entre nous, beaucoup de sourires, un soutien, l’envie que l’autre aille bien, qu’il avance.
Jésus, lui, décide de vivre au cœur de ce monde, mais en plus, il n’a peur de rien. On l’accusera même de fréquenter les publicains, les malades, les infréquentables, les pécheurs. Il va réussir à appeler des disciples à le suivre dans cette aventure. C’est une condition qui n’est pas réservée à une catégorie de personnes mais ouverte à tous – inclusive on dirait aujourd’hui. Ce sont donc des femmes et des hommes qui vont se mettre en marche avec lui, un embryon de communauté, la famille que se choisit Jésus. Et ils se mettent en marche avec lui. La relation, c’est ça qui fait le lieu de vie de Jésus, plus qu’un nom de ville. C’est là où il réside vraiment. Peu importe la ville où l’on est, ce sont les relations qu’on arrive à construire autour de soi, c’est la communauté qui va grandir, qui compte. La géographie s’efface complètement derrière le poids de ce qu’on va marquer dans le cœur de l’autre. Finalement on peut se demander quelles familles souhaitons-nous construire et comment on arrive à les entraîner dans des grandes aventures, qu’elles soient militantes, associatives, amicales, sportives, et tendues vers un objectif d’un monde plus doux, plus fraternel et donc plus aimable ?

Jérémy Vidal

Jérémy Vidal, 34 ans, politiste, chrétien d’ouverture, membre de l’association David&Jonathan, engagé dans le combat pour une Église plus inclusive et plus fraternelle.