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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S4 Episode 17

05/03/2023 – 2e dimanche de Carême

Lecture de l’évangile : Marina

Homélie : Magali

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Gn 12, 1-4a
Ps 32
2 Tm 1, 8b-10
Mt 17, 1-9
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

D’où pouvons-nous entendre ce texte autrement qu’un coup de baguette magique qui rend le vêtement de Jésus plus blanc que blanc ? Et au fond, en quoi sommes-nous concernés par cette histoire de métamorphose ? Le mot grec pour « transfiguration ».
Peut-être qu’une lecture attentive pourrait ouvrir quelques pistes.
Avant et après ce récit, il y a l’annonce de Jésus aux disciples de sa passion et résurrection. Cela a son importance. Notre récit est mis en scène comme un spectacle, avec acteurs et spectateurs et démarre par l’indication d’un temps et d’un lieu précis.
Le texte liturgique a supprimé ce temps placé au début : Six jours après. Serait-ce un écho à la Genèse qui parle du 7me jour comme un jour béni, sanctifié ?
Puis la montagne : dans l’Evangile, c’est souvent lié à Jésus qui se révèle dans sa parole et ses gestes. Dans le premier testament, c’est aussi un lieu connu de Moïse et Elie, figure de la Loi pour l’un et des prophètes pour l’autre.
Et puis ce « à l’écart « : je l’entends comme un pas de côté dans le cheminement des disciples avec Jésus.
Avec ce temps et ce lieu, on peut donc s’attendre à un événement singulier du côté d’un dévoilement, d’un accomplissement.
Les spectateurs : Pierre Jacques et Jean. Trois disciples pour dire quelque chose de l’ensemble des douze.
Au chap 26, ce seront les mêmes appelés par Jésus pour aller avec lui à Gethsémani et veiller. Ils auront vu, déjà, avant la passion, quelque chose du poids de ce fils unique : c’est bien ce que nous dit l’évangile de Matthieu en plaçant ces deux textes dans cet ordre-là.
Ils suivent Jésus qui les emmène avec lui et assistent à une scène qui se déroule en deux temps, devant eux.
Premier temps : Jésus fut métamorphosé. Par qui ? Comment ? Le texte ne nous en dit rien !
Il devient éblouissant en son visage et ses vêtements. L’intensité de la lumière à son maximum !
2me temps : c’est à ce moment qu’apparaissent Moïse et Elie parlant avec lui.
Le texte est écrit du point de vue de la vision : cela indique peut-être que ce n’est pas l’imaginaire des spectateurs qui est en jeu mais plutôt ce qui se révèle à eux et devant eux. Ce qu’ils sont invités à voir, contempler..
Puis la vision est suspendue par Pierre qui prend la parole.
Il ne peut pas s’empêcher d’intervenir, notre Pierre, et le plus souvent à côté de la plaque : comme je lui ressemble !
Il suggère une idée à Jésus, qu’il appelle Seigneur, le nom qui dit la trace du chemin pascal accompli par celui-ci.
A ces trois personnages se révélant tenus ensemble dans une parole circulante – dont on ne sait rien- , il veut séparer chacun dans sa tente.
Mais qu’est-ce qui lui prend ?!
Mais qu’est-ce qui me prend, de vouloir sans cesse mettre la main sur ce qui est à recevoir, à laisser agir ?!
Le texte va d’ailleurs régler son compte à l’idée de Pierre, avec un certain humour.
« Il parlait encore lorsque »..hum, une parole qui n’a pas beaucoup de poids puisqu’elle est arrêtée par quelque chose qui advient : surprenante nuée lumineuse qui les couvre d’ombre et voile la vision !
C’est de cet espace-là que s’entend une voix et ce qu’elle dit.
Cette parole a déjà été prononcée chez Matthieu au chapitre 3 lors du baptême de Jésus, par une même voix, d’un lieu similaire.
Mais ici, il y a un ajout : écoutez-le. La voix va plus loin dans la révélation. Ce fils est quelqu’un à écouter.
Les disciples entendent mais alors quel effet !
Dans l’Evangile, cette frayeur-là est liée à ce qui se révèle de Jésus aux disciples : avec ce qui dépasse leur logique, leurs représentations de lui. Avec ce qui leur échappe radicalement…et peut-être pour nous aussi !
La première parole de Jésus après que la voix ait dit : écoutez-le, c’est : éveillez-vous et ne craignez pas. Accompagné de son toucher, qui est aussi une parole. Magnifique alliance des deux, précisément là !
Le verbe éveiller ou relever est l’un des deux en grec qui est traduit par ressusciter en français. Et c’est cela qu’il leur dit, étonnant non ?
Il adresse cette parole aux trois : l’ensemble est concerné. Jésus s’adresse à un corps plus grand que soi-même.
Au verset 8 : levant les yeux…n’est-ce pas voir plus loin que le bout de son nez ?
Qu’y a-t-il à voir là ? Jésus, lui-même, seul. Comme si tout ce qui vient de se passer se ramassait là, dans sa personne.
Il y a toujours une descente de la montagne. Le lieu des révélations lumineuses, des fulgurances n’est pas notre ordinaire. Mais revenir à la plaine de nos existences, ensemble et avec lui, ça change tout !
Au v 9, celui qui nous parle est pleinement fils : la voix de la nuée dit qu’il est son fils bien-aimé et Jésus dit de lui que le fils de l’humain est promis à l’éveil d’entre les morts.
Même si nous ne savons rien de cet éveil, pouvons-nous nous fier à la parole de ce fils-là ?

Magali

Je lis la Bible avec d’autres depuis plusieurs années. Nous sommes des personnes ordinaires, sans études bibliques préalables.
Cette lecture commune fut un choc heureux : au fil de l’expérience, la Bible a cessé d’être un amas de paroles moralisantes…et démoralisantes !
Il n’empêche que mes représentations de l’aventure humaine avec le divin réapparaissent sans cesse et c’est grâce à la parole des autres et du texte qu’autre chose s’ouvre, du côté du Désir.
Avec ce goût unique de revenez-y !