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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S4 Episode 25

09/04/2023 – Pâques

Lecture de l’évangile : Marina

Homélie : Hazel Bradley

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Ac 10, 34-43
Ps 117
1 Co 5, 6-8
Jn 20, 1-9
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

J’adore ce passage de l’évangile. Dans la communauté de l’Arche à laquelle j’appartiens, nous le mettons en scène chaque dimanche de Pâques. Une année, un homme qui s’appelait Paul a joué le rôle de Jésus. Il était très fébrile et il ne supportait pas d’attendre. Il avait joué Jésus vendredi saint et il était prêt pour jouer sa résurrection dimanche. Sauf que la communauté, elle, n’était pas prête. Du coup il a fini par crier : « Vous ne voyez pas que je suis vivant ?!!! »
Ça fait partie du problème : Jésus est vivant. On ne le voit pas. On ne le reconnait pas.
Les hommes n’ont pas le beau rôle dans les histoires de la passion de Jésus. Surtout Pierre à qui Jésus a dit « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Les hommes abandonnent Jésus, le trahissent ; Pierre le renie. Au pied de la croix il n’y a que les femmes et « celui que Jésus aimait ».
Je me souviens avoir prié il y a des années au pied de la croix à Taizé. Quand j’avais rouvert les yeux, tous les hommes étaient partis et il ne restait qu’un petit groupe de femmes – comme au pied de la croix de Jésus.
Les femmes qui étaient à la croix se sont soutenues mutuellement, elles ont pleuré ensemble, et le premier jour de la semaine, dès que l’aube s’est levée, ce sont elles qui sont allées au tombeau, fidèles jusqu’au bout.
L’évangile de Jean ne mentionne que Marie-Madeleine.
Elle va au tombeau parce qu’elle aime Jésus. Elle va au tombeau pour poser un dernier acte d’amour sur celui qui l’aimait – pour embaumer son corps, un travail de femmes.
Je me souviens d’être restée seule avec ma mère après sa mort et d’avoir tendrement lavé son corps dans un dernier geste d’amour. C’est un vrai cadeau de s’offrir ce moment à l’heure de la mort, quand le voile entre ciel et terre est fin, comme disent les celtes.
Mais la pierre a été roulée. Marie est troublée, elle a peur et elle est triste. Elle n’entre pas dans le tombeau. Elle ne voit pas les anges. Elle court chercher de l’aide auprès des disciples. Mais ces hommes ne peuvent pas croire cette femme. Ils ont besoin d’aller vérifier par eux-mêmes. Oui, la tombe est bien vide.
Alors ils ignorent complètement cette femme qui pleure, qui se noie dans ses larmes et sa tristesse. Ils l’abandonnent sans un mot, seule avec ses larmes. Et c’est là que ça se passe. Jésus ressuscité apparaît à Marie. Elle devient le premier témoin de la résurrection – cette femme que les disciples ont laissée tomber. Ça nous fait voir quelque chose de la tendre compassion de Jésus ressuscité. Il n’y a pas de trompettes triomphales, pas de lumière aveuglante, pas de voix descendue du ciel – juste une question délicate : « Pourquoi pleures-tu ? » Jésus rejoint Marie là où elle est. Il la voit. Il voit sa peine et il essaie de l’aider à la nommer.
Puis il l’appelle par son nom : « Marie ».
Dans ce simple mot, Marie reconnaît son dieu, celui qu’elle aime. Elle reçoit les mots d’Isaïe 43 comme s’ils lui avaient été adressés : « N’ai pas peur. Regarde, je t’ai appelée par ton nom, tu es à moi… Tu es précieuse à mes yeux et je t’aime ».
Ce qui est beau c’est que Jésus n’apparaît qu’à ceux et celles qui l’ont aimé et qui le pleurent. À chaque fois, son apparition est délicate, discrète, personnelle. Il va à chacun et chacune de la manière dont ils et elles ont besoin d’être approché·e.
A Marie, il dit qu’il est vivant, qu’il la voit comme elle est et qu’il l’aime comme elle est. Aux disciples effrayés, il enjoint de « ne pas avoir peur ». Aux deux disciples désorientés qui fuient Jérusalem, il éclaire les Écritures. A Thomas qui veut des preuves concrètes, il dit « mets ta main là ». Il montre à Pierre qu’il l’aime encore malgré sa trahison et qu’il veut juste que Pierre l’aime.
Il vient à chacun, chacune d’entre nous délicatement, discrètement, personnellement. Il vient si discrètement qu’on peut le rater ! Peut-être que Jésus voudrait crier, comme Paul, « Vous ne voyez pas que je suis vivant ?! » Jésus vient à chacun, chacune d’entre nous comme nous en avons besoin.
Puis Jésus envoie ses disciples en mission. Marie est la première à être envoyée. Il lui demande de retourner auprès des disciples qui ne l’ont pas crue et qui l’ont ignorée. Il lui dit de leur dire qu’il est revenu d’entre les morts et qu’il est vivant. Ils ne l’avaient même pas crue quand elle leur avait dit que le tombeau était vide ! Comment pourraient-ils la croire quand elle leur annoncera qu’il est vivant – ressuscité des morts ?! Mais Marie, pleine de joie, fait comme il lui a dit. Elle devient l’apôtre des apôtres, l’apostola apostolorum, la première témoin de la résurrection.
Aujourd’hui, on est appelé·e à voir que Jésus est vivant, à se faire attentif et attentive à la manière dont Jésus nous apparaît et à se faire témoin de sa résurrection comme Marie avant nous.
Amen.

Hazel Bradley

Hazel Bradley est membre de la communauté de l’Arche depuis de longues années. Elle a vécu en France, en Inde et réside actuellement à Londres, au Royaume-Uni. Elle est directrice spirituelle ignatienne et aime travailler avec des contes.